Le film de James Gray tire sa grande force d'un étonnant dépouillement, signant un film magnifique tant sur le fond que sur la forme.
Des personnages délicats, maladroits, emmitouflés dans de grandes parkas à capuches se débattent avec leur (in)capacité à aimer.
Leonard Kraditor (Joaquin Phoneix,personnage principal) apparaît à l'écran dès le générique, sur un pont étroit, il saute soudainement dans l'eau. Le malaise du héros est ainsi posé en préambule en nous épargnant cependant les traditionnelles scènes de souffrance genre plan sur des bouteilles d'alcool que notre Léonard se serait enfilées ou accès de violence d'un forcené mal dans sa peau. Non, Leonard est un gentil garçon, vivant encore chez ses parents, travaillant pour son père, on le perçoit jeune mais plus tant que ça et donc malheureux. Entre l'amour impossible symbolisé par Michelle (Gwyneth Paltrow) ou l'amour raisonnable (et donc moins excitant) symbolisé par Sandra (Vinessa Shaw), Leonard est écartelé.
Mélancolique sans être cynique ou désabusé, un très beau film.
Notons l'utilisation très réussie de la musique d'Henri Mancini, "Lujon".